Comment traverser ce deuil ?
Des hauts et des bas
Tout le monde fait son deuil différemment, à sa façon, selon sa personnalité et sa propre histoire,
et il n’y a pas de « bonne » ou de « mauvaise » façon de faire. Le deuil ne suit pas un chemin linéaire fait d’étapes définies ; il y aura des hauts et des bas jusqu’à ce que vous parveniez à vous adapter à la vie sans votre proche.
Les premiers jours qui suivent un suicide engendrent quelque fois une perception déformée de la réalité, une sidération. Certaines personnes endeuillées disent évoluer « comme à l’intérieur d’une bulle où le monde extérieur semble irréel ». D’autres se sentent épuisées, confuses, anxieuses et ont du mal à comprendre ce qui doit être fait. Certaines au contraire sont surprises de constater à quel point elles sont capables de remplir toutes les tâches quotidiennes.
- Acceptez toute aide offerte par des personnes en qui vous avez confiance, par exemple pour organiser les funérailles, rechercher des numéros de téléphone pertinents…
- Vérifiez ce que vous devez réellement faire (comme répondre aux questions de la police) et ce que vous pensez devoir faire (par exemple, ranger, informer les gens).
- Concentrez-vous sur ce qui est important pour vous et pour vos proches, sur ce qui vous permet de respecter la mémoire de votre proche décédé
Cette période est généralement suivie d’un chaos dans les pensées et les sentiments, engendrant par là des questions comme « Pourquoi ? », « Aurais-je pu remarquer quelque chose ? », « Qu’aurais-je pu faire ? », « Pourquoi ne m’a-t-elle/il pas parlé de sa souffrance ? ». La douleur de la perte peut s’accompagner de réflexions relatives à l’abandon, l’impuissance, le désespoir, la culpabilité, la colère…
Bien que ces sentiments soient difficiles à supporter, ils proviennent d’une réaction naturelle à la suite de la perte d’un être cher. Le deuil est la seule voie possible du rétablissement. Ne restez pas seul·e. Il peut être aidant, par exemple, de rejoindre une association de personnes endeuillées par suicide afin d’échanger, de recevoir du soutien par les pairs.
Et si vous avez l’impression, après une certaine période, que vous n’êtes plus en mesure de retrouver le goût ou le sens de la vie, que les sentiments de culpabilité persistent, que vous avez besoin de réconfort qui ne vous est pas donné dans votre environnement, il est important d’en parler avec un professionnel en appelant le 3114 et de consulter la page Où puis-je obtenir de l’aide ?
Il est possible de vivre des moments d’espoir et d’encouragement, mais aussi des moments de grande souffrance et de vide, des moments de colère ou d’autres émotions intenses.
Parfois, vous aurez l’impression que le chagrin envahit chaque partie de votre vie, tout le temps. Mais vous constaterez que d’autres jours, vous êtes capable de penser aux prochaines étapes de votre vie.
Les personnes endeuillées par suicide rapportent qu’à un moment, contre toute attente, elles découvrent qu’il y a de la place pour autre chose – un projet, un espoir. Ce n’est pas tant que votre chagrin diminue ; c’est que vous grandissez avec votre chagrin.
Quelque fois, au réveil, vous oublierez ce qu’il s’est passé – et vous vous en sentirez coupable. Mais, il y aura des jours où, pendant un moment, librement, vous pourrez rire avec un ami ou admirer une vue. Vous vous sentirez peut-être coupable de vivre ses moments, comme si vous trahissiez votre proche décédé.
Mais un jour, vous découvrirez enfin que vous pensez davantage à la personne qu’à la façon dont elle est décédée. Vous ne l’oublierez pas, mais cela semblera moins douloureux. Son souvenir sera pour vous porteur d’une force qui vous permettra de continuer à avancer dans la vie.
Il peut y avoir des jours où il sera particulièrement difficile de faire face à ce qu’il s’est passé.
Ce peut être l’anniversaire de la personne décédée, votre propre anniversaire, l’anniversaire du jour de sa mort, la fête des pères ou des mères, et des occasions comme les fêtes de fin d’année.
- Ces moments auront toujours une résonance particulière pour vous et il peut être utile de trouver un moyen de les marquer et de les préparer. Allumez simplement une bougie, visitez un endroit qui vous était cher, regardez un album photo ou racontez des histoires tout en mangeant son plat préféré et en écoutant sa musique favorite.
- Prenez peut-être le temps de partager des souvenirs avec votre famille ou vos amis qui se soucient de vous.
- Et à tout moment, soyez bienveillant avec vous-même – donnez-vous le temps et l’espace pour faire votre deuil.
La vie après le suicide d’un proche
Dix ans après le suicide de sa propre sœur, la réalisatrice Katia Chapoutier donne la parole à des femmes et des hommes endeuillés par la disparition volontaire d’un proche. Ce film, qui fait suite à un livre de témoignages, soulève une question essentielle : comment se reconstruire après un tel cataclysme ?
Auteure-réalisatrice : Katia Chapoutier Production : ELEPHANT Doc, avec la participation de France Télévisions
Quelques personnes endeuillées par suicide vous parlent de ce qui leur a fait du bien
Participer à une soirée commémorative à sa mémoire.
J’ai relu chaque soir pendant un bon moment le dernier texto qu’il m’a envoyé. Je lui ai même répondu après sa mort. Ça m’a fait du bien de lui écrire un message qu’il ne lira jamais, mais qui me donnait la chance de riposter, lui donner mon avis, ma peine, ma colère.
Pouvoir en parler.
Aller m’asseoir près de sa tombe et lui parler de mon quotidien.
Lui “parler” en pensée le soir avant de m’endormir puisque je le considérais comme mon ange gardien.
Un groupe de personnes où on racontait notre plus beau souvenir avec lui.
J’ai continué de commenter des photos Facebook (…) un peu pour lui permettre d’exister encore.
J’avais créé un fichier avec toutes les photos que j’aimais de lui et je les regardais chaque soir. C’était ma façon de lui prouver qu’il ne pouvait pas partir et croire qu’on allait l’oublier.
Le temps, des bons mots, le respect de mon chagrin.