Mythes autour du suicide
Le suicide et ses mythes : les dépasser pour avoir une culture de prévention
Comme tout sujet sensible, le suicide est entouré d’idées reçues qui circulent dans la rumeur populaire, dans les médias, sur les réseaux sociaux, ou dans les productions artistiques. Aprioris moraux ou idées reçues, ces représentations sont des freins tant pour les personnes concernées que pour ceux qui pourraient apporter de l’aide.
Comme pour tout sujet moral, tenter de répondre à ces questions en appellerait à des réflexions d’ordre philosophique, éthique, théologiques, historiques, etc. Par nature, elles ne trouveraient pas de réponse consensuelle. Pour être opérationnelle, la prévention du suicide doit pouvoir mettre en suspens ces interrogations et se focaliser sur la notion de souffrance.
Il convient de garder à l’esprit que les idées et passages à l’acte suicidaires résultent presque toujours d’une souffrance d’une intensité telle qu’elle en devient insupportable. Parce qu’il est la seule option pour échapper à la souffrance lorsque toutes les autres solutions deviennent inapparentes aux yeux de la personne, le suicide résulte donc plus d’un non-choix que d’un choix. Il s’agit plus d’une aliénation à soi et à sa souffrance que d’une liberté.
« Je n’en peux de cette vie, je préfère mourir », « Si tu me quittes, je me suicide » : le fait de tenir régulièrement des propos suicidaires ou de les avancer dans un contexte relationnel ne diminue en rien le risque de passage à l’acte.
De même, les tentatives de suicide ne sont pas des « appels à l’aide » mais procède d’une intentionnalité de mourir dont il faut s’inquiéter car le risque réside dans une éventuelle récidive.
La culpabilité après le suicide d’un proche est quasi-inévitable. Elle fait partie des mécanismes psychologiques du deuil. La plupart du temps, cette culpabilité porte sur le fait de n’avoir pas vu les signaux de détresse. Pourtant, ces signes sont quasi-constants avant un suicide, ne serait-ce que parce que la personne ne peut pas contrôler toutes les expressions de sa souffrance. Simplement, ces signes d’alerte peuvent être discrets, difficiles à interpréter, dispersés ou volontairement dissimulés à l’entourage par honte, culpabilité ou peur d’inquiéter.
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Le suicide est le fruit d’une interaction complexe entre une vulnérabilité individuelle et une séquence d’événements stressants. Même si l’importance du facteur précipitant ne doit pas être négligée, il sera toujours faux de réduire la cause du suicide à ce seul événement qui n’aurait pas eu les mêmes conséquences si la personne n’avait pas été fragilisée au préalable.
En d’autres termes, ce qui cause le suicide, ce n’est pas seulement la goutte qui fait déborder le vase, mais aussi tout ce qui avait contribué à le remplir, ainsi que la quantité d’eau que le vase est capable de supporter.
La souffrance ressentie durant la crise suicidaire place les personnes dans l’incapacité transitoire d’entrevoir des solutions. Cela ne veut pas pour autant dire que ces solutions n’existent pas. Dans la très grande majorité des cas, une fois la souffrance apaisée, les idées suicidaires disparaissent.
Pour une personne suicidaire, le fait que quelqu’un s’inquiète, soit convaincu que le suicide n’est pas l’unique option et laisse entrevoir l’éventualité d’un apaisement suffit souvent à briser le cercle vicieux de la douleur et de l’isolement.
Une prise en charge adaptée, un traitement des troubles psychiatriques si besoin et un soutien psychosocial étroit ont montré leur efficacité dans la prévention du suicide c’est pourquoi il est important de contacter les professionnels de la ligne nationale de prévention du suicide en appelant le 3114.