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Je m‘appelle Pierre. J’ai 53 ans.

Cela fait 31 ans que je suis fonctionnaire de police.

Je suis en arrêt maladie depuis presque 10 mois maintenant. J’ai cumulé pas mal de choses lourdes depuis plusieurs années : des suicides de collègues (j’ai même découvert le corps de l’un d’entre eux) ; une séparation conjugale ; et des difficultés relationnelles avec mon fils que je ne vois quasiment plus.

Progressivement, je me suis senti dégringoler. On se dit : “on va tenir, on va tenir” et… non, c’est faux.

La fois où j’ai appelé le 3114, ma journée s’était très, très mal passée. Le soir, à bout, je me suis effondré. Littéralement. J’ai alors vu le scénario de mon suicide.

Puis je me suis dit « T’as besoin d’aide, faut vraiment que tu fasses quelque chose ».

Je ne voulais pas appeler ma famille alors j’ai cherché sur internet. J’étais perdu et dans le brouillard. Sur mon ordinateur, je pense que j’ai tapé « assistance SOS suicide », quelque chose comme ça quoi et j’ai vu qu’il y avait le 3114. Alors j’ai appelé tout de suite, parce que je savais que j’étais dans un état émotionnel trop instable pour pouvoir me faire confiance. J’ai été mis en attente ; alors, j’ai attendu… J’aurais quand même aimé avoir quelqu’un immédiatement.

Pendant l’attente, j’étais en stress et en pleurs. Je craignais aussi de tomber sur quelqu’un qui me juge. Je me disais « C’est pas glorieux d’en arriver là à ton âge ! ».

C’est un homme qui a décroché. Florian. Je cite son prénom parce que je voudrais qu’il sache que lui parler à ce moment-là, ça a vraiment fait descendre la pression. Il a été à l’écoute, il n’a pas jugé. J’ai pu lui expliquer ce que j’avais sur le cœur.

C’est très dur de dire « Au secours », de demander de l’aide. Surtout pour un homme de ma génération. Pourtant, j’ai senti que, pour lui, je n’étais pas juste un appel ou un numéro de dossier. Je me suis senti moins seul. Je ne voulais pas être hospitalisé et il a entendu ma demande. On a donc cherché des solutions ensemble.

Depuis, je suis suivi de façon très intense au CMP par une infirmière. C’est pas encore la grande forme, bien sûr, mais ça va mieux.

Alors à ceux qui en ont besoin, j’ai envie de dire que même si ça paraît insurmontable, que vous n’arrivez plus à vous projeter dans l’avenir, autant essayer de le tenter ! Un appel ça coûte rien.

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Ce témoignage a été recueilli lors d’un entretien mené par une sociologue. Une équipe pluridisciplinaire l’a ensuite résumé pour mettre en lumière son parcours. Ce résumé a été relu et validé par Pierre, qui est un prénom d’emprunt, pour préserver l’anonymat de ce témoignage.

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