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Je m’appelle Younes, j’ai 32 ans. Là, je suis au chômage, mais avant j’étais éducateur sportif.


Le travail, ça me stresse. Je souffre d’un trouble obsessionnel compulsif – un TOC – et je fais régulièrement des crises d’angoisse.
Ça crée des tensions au boulot. Du coup je me suis fait licencier plusieurs fois. Mais le chômage me gâche la vie. Je suis revenu vivre chez ma mère et j’en ai honte. Le week-end, je bois beaucoup et je consomme des substances dangereuses. Ça me met dans un état second qui me détruit. C’est comme une forme de suicide mais sans le faire de manière directe.

J’ai entendu parler du 3114 quand j’ai créé un profil LinkedIn pour mon réseau professionnel. Plusieurs thérapeutes en faisaient la promotion. À un moment où j’étais très mal, j’ai eu envie d’appeler. J’avais pas d’idée suicidaire précise mais j’étais en crise d’angoisse très aiguë et j’avais peur de perdre le contrôle. Je me sentais coincé dans une grande machine, désespéré, impuissant, sans solution. J’étais terrifié, j’avais l’impression de devenir fou.

En fait, j’avais besoin de demander de l’aide alors j’ai composé le 3114.

Je suis tombé sur une psychologue qui a été géniale. Petit à petit, je me suis senti rassuré, je suis revenu doucement à la réalité. Ça m’a fait beaucoup de bien d’être guidé par cette psy. On a parlé longtemps, on a eu une conversation très intéressante. Avec elle, j’ai réussi à trouver des solutions, des opportunités qu’on a tendance à ne plus voir dans ces moments où tout est confus.

J’ai rappelé ensuite. À deux reprises. Mais c’était moins spontané parce que je me suis dit qu’il y avait peut-être des personnes qui en avaient plus besoin que moi, et je ne voulais pas saturer le réseau d’appels. Une fois, je suis tombé sur un infirmier de Montpellier. Il m’a vraiment coaché d’une manière positive. Ça m’a redonné un peu d’espoir dans une époque de désillusion. Quelque part, ça m’a permis de rêver à nouveau. J’ai eu la sensation d’être important. J’ai ressenti la confiance qu’il placé en moi et ça m’a remotivé et donné de l’énergie.

Aujourd’hui, je reste inquiet concernant ma situation professionnelle, mon avenir et l’insécurité d’être chez ma mère. En tant qu’homme, c’est compliqué de parler de cela. Les hommes ne parlent pas de leur mal-être entre eux. Si on le fait, on est vite rejeté. On est mis à l’écart quand on commence à parler de nos problèmes de santé mentale. C’est tabou. Les fois où j’ai parlé de mon TOC avec des femmes que j’ai rencontré, je me suis senti mis à distance, je sentais que je ne correspondais plus au stéréotype de l’homme confiant, sûr de lui, qui pouvait les rassurer. Quand j’arrive à en parler, les gens me mettent une étiquette de personne dépressive ou schizophrène, parce que ce sont les seuls troubles qu’ils connaissent. C’est stigmatisant. Quand on a un trouble de santé mentale, on est considéré comme faible, parce qu’on n’est soi-disant pas assez performant. Progressivement, on se rabaisse, on se dévalorise, on a honte de ne pas être normal, de ne pas réussir à s’intégrer.

Aux personnes qui en souffrent comme moi, j’aimerais dire qu’il faut justement en parler librement, il n’y a rien de honteux. Au 3114, les professionnels qui sont au bout du fil ne vont pas nous juger, et ne vont pas nous prendre pour des fous. La honte, c’est justement ça qui empêche de demander de l’aide et c’est là que ça s’aggrave. Il faut lâcher ça. Il y a des solutions pour retrouver de l’espoir.

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Ce témoignage a été recueilli lors d’un entretien mené par une sociologue. Une équipe pluridisciplinaire l’a ensuite résumé pour mettre en lumière son parcours. Ce résumé a été relu et validé par Younes, qui est un prénom d’emprunt, pour préserver l’anonymat de ce témoignage.

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